Trier ses amis Facebook

Publié par FC

Soyons sérieux. Avoir 1524 amis ça n’existe pas ou alors c’est qu’on vient de gagner trois millions d’euros au Loto. D’ailleurs il suffit de demander cinq euros à chacun d’entre eux pour se rendre compte que le gain espéré (7620 euros) ne restera qu’un rêve. Vous ne me croyez pas ? Tentons l’expérience. Postez donc ce message :

Chers amis, je connais un embarras passager que vous pouvez bien comprendre. En ces temps difficiles, cela peut arriver à tout le monde. Afin de me sortir de l’ornière et retrouver ainsi la sérénité naturelle qui me caractérise, merci de m’envoyer la modique somme de 5 euros, que je ne vous rendrai pas (on ne va pas chipoter pour si peu). Ci-joint mon RIB. Bisous.

Ne pas oublier de joindre le RIB (format JPEG) et attendre vingt-quatre heures. Que se passe-t-il ? Rien. Chienne de vie.

Un tri s’impose. Petit guide pour séparer le bon grain de l’ivraie. Hop, on fait le ménage de ces mal-nommés « amis » (dans l’ordre que vous voulez).

A supprimer, ceux qui postent, des vidéos de chats mignons. On s’en fout. Les chats sont des parasites inutiles, juste bons à abîmer les fauteuils. Des photos de vacances avec pieds ou jambes en premier plan, des photos d’assiettes pleines, plats cuisinés, cocktails.... Des trucs déprimants, genre l’actualité, la misère dans le monde, les guerres, les enfants qui meurent de faim, les migrants qui se noient, les hypermarchés, l’apocalypse qui se prépare, les soldes, le concert d’Obispo, ou pire si ça existe. Des trucs qu’ils veulent te faire acheter alors que tu t’en fous complètement. Des phrases débiles comme «  Ce sont les cœurs les plus durs qui ont reçu les coups les plus doux ». Heu non, c’est l’inverse. Les fausses citations ou celles qui ne sont pas signées. Par exemple : « J’ai encore perdu ma carte vitale » (Victor Hugo). Des messages mal orthographiés. Oui, ça fait du monde mais quand même ils pourraient combattre leur illettrisme.

Rayer aussi de la carte :

Les morts. A priori, ils ne causent plus. S’ils continuent de vous raconter leur vie (ce qui est une façon de parler), appeler la police ou un journaliste. Les vrais amis. Pourquoi perdre du temps à taper sur un clavier pour communiquer, quittons la préhistoire. Appelez-les avec ce truc qu’on appelle un téléphone et retrouvez-vous pour boire une chope, avaler une raclette, danser autour d’un barbecue ou baiser. Les membres de la famille. Déjà qu’il faut se les farcir à Noël et à Pâques. N’en rajoutons pas. Ceux qui disent n’importe quoi à partir d’une certaine heure parce qu’ils sont bourrés. Les amis d’amis totalement inconnus. Les fans de Pascal Obispo. Les belles personnes qui cherchent le grand, le vrai, le seul amour de leur vie mais finalement se contenteront d’un virement bancaire en Afrique plutôt que de votre corps de rêve ou le mien… et enfin, les gros cons. Evidemment chacun est libre d’ajouter une catégorie mais restons-en aux gros cons qui méritent un paragraphe personnalisé.

Les gros cons (on y inclue les xénophobes, les extrémistes de tout poil…) sont à examiner consciencieusement avant expulsion. Attention, nous sommes tous le con de quelqu’un et parfois ce n’est pas un honneur : on ne peut pas être le con de n’importe qui. Donc ne gardons que les cons sympas, intelligents et cultivés, bref... qui nous ressemblent. Comme au bistrot. Facebook, « agora des imbéciles » (mais qui a dit ça ?), ne s’use que si l’on s’en sert, d’où l’idée de l’entretenir. A première vue, cette phrase ne veut strictement rien dire, j’en conviens. Gardons, comme dit le pêcheur, quelques spécimens savamment choisis, bien charnus, bien gras, bien pesants, qui serviront de baromètre permettant de mesurer la bêtise, l’inculture, la profondeur de la vacuité. Ces rares élus enrichiront ainsi votre connaissance de la nature humaine et de ses égouts les plus puants.  

 

© Francis Campagne   

 

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