Je veux être une Femen

Publié par FC

A l’époque de la parité et du partage des tâches, à l’heure où ont enfin disparu le machisme, le harcèlement sexuel et la domination des porteurs de couilles - ben quoi ? - , dans un siècle où les maris insistent pour pousser le caddie, changer la couche du bébé et promener l’aspirateur (ce qui permet aux épouses d’aller boire un mojito avec les copines), de nouvelles injustices modernes surgissent et étreignent le cœur du défenseur de l’égalité.

Ainsi, les Femen, ces adorables combattantes qui, des fleurs dans les cheveux, les seins à l’air et des messages écrits sur le corps, perturbent les institutions qui, derrière la langue de bois, s’amusent à des trucs ordinaires comme vendre des armes ou tripoter des enfants. Elles n’ont pas encore attaqué les cinémas où passent les films avec Kev Adams et les salles de concert où chante Calogero, mais l’espoir fait vivre.   

Mesdames les Femen je vous admire, mais il y a un problème : les hommes ne sont pas du tout représentés dans vos troupes bondissantes. Et la parité, bordel. Cela ne peut plus durer, je veux être une Femen comme les autres ! 

Le jean, je l’ai. Le gros feutre pour m’écrire des slogans sur la peau, je l’ai aussi. Même qu’après la manif, le message tu l’as dans le dos pendant trois semaines même en frottant fort. Croyez-moi je sais de quoi je parle, j’ai essayé. J’ai écrit « macron méchan » sur mon bras pour voir (il manque le T de méchant car il n’y avait pas assez de place) et j’ai fait sensation auprès de ma femme qui est la seule à l’avoir vu. Elle le voit encore. Elle a eu peur que je commence à construire une barricade entre la chambre et la salle de bains avec le panier de linge sale. 

Mais il me manque un machin. Un truc sans quoi on ne peut pas être une vraie Femen. Enfin, deux trucs, pour être exact. Des seins. Des nénés. Des roberts. Des lolos. De doudounes. Des roploplos. Des frères Karamazov. Des gourdes à lait. Des gants de toilette. Des totottes. Des obus. Des collines d’amour. Des œufs sur le plat. Des miches. Des ananas. Des gougouttes. Des pare-chocs. Des airbags. Des avant-scènes. Des nichons quoi !

Le procédé semblant présenter quelques risques et par respect pour Lolo Ferrari, une pauvre fille assassinée par la cruauté des mâles et du bizness, j’ai décidé de ne pas me faire greffer de prothèses mammaires. La décision a été mûrement réfléchie. Je me suis dégonflé.  

Certes, pour créer les Homen, on pourrait se dire : les femmes enlèvent le haut, enlevons le bas !

Pas si simple.

Prenons par exemple… moi. Un homme bien bâti, au corps de rêve, au regard bleu tahitien, à l’allure svelte, un homme qui fait se tordre le cou aux femmes, et les chevilles parfois, alors qu’elles s’épongent la délicate goutte de sueur qui descend le long de leur tempe à la seule idée de boire un verre en ma délicieuse compagnie. D’ailleurs il se dit aussi que je ne laisse pas indifférents quelques humains du genre masculin. La nouvelle me rend gai, je l’avoue, mais on ne peut pas boire à tous les robinets. Thé ou café. Miel ou confiture. Mars ou Kitkat. Persil ou Ariel. Dieu ou Allah. La vie est affaire de choix. Donc, moi. 

Enlever le bas ? Aller manifester sans pantalon et sans slip ? Avouons que cela ne met pas forcément le mec à son avantage. Il a beau dévoiler son service trois-pièces et même y inscrire son coup de gueule (à condition d’avoir la place suffisante ou un message assez bref), question image, ça le fait pas, comme dit ma nièce. Je suis de son avis (d’ailleurs elle n’a pas l’âge de raison pour rien). Les breloques qui se balancent devant les caméras des journalistes, autant éviter. Faut-il pour autant abandonner le projet d’être une Femen de sexe masculin ? Pas question ! Je fais comme au MacDo, je viens comme je suis. Le jean, les fleurs autour du crâne et en avant les filles ! Les autres aussi. Toutes et tous avec moi, les tétons en avant ! 

© Francis Campagne

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