Mon prochain disque
Après de longues et solitaires réflexions désormais cuites à point, j’ai décidé d’enregistrer un disque de reprises de chansons de Johnny. Pourquoi pas moi ? Ceux qui me connaissent et que j’ai sondés s’inquiètent, changent de couleur, tentent de me raisonner. Oui, c’est vrai, je ne sais pas chanter. Même après l’ingurgitation d’un jerrican de mojito, rien n’y fait. Ce qui sort de ma bouche est tout simplement atroce et peut déclencher des catastrophes auprès desquelles le pire tsunami ressemblerait à une vulgaire chasse d’eau arthritique. Mais mon ami Didier Super, dont la célébrité est due au timbre de voix, à la douceur des mélopées et à une rythmique qui aurait fait pâlir James Brown, m’a donné un avis professionnel : « On n’en a rien à foutre, fonce ! » Après tout, il n’y a pas besoin de savoir chanter pour avoir du succès. Manquerait plus que ça, regardez Renaud. Ma tante m’a conseillé de faire appel à un faussaire, ces types qui essaient de bramer comme Sa Sainteté Le Grand Jojo et d’ensuite me produire en playback. En playback ! Moi ! Hé, je suis pas Plastic Bertrand ! Pas question !
Et je ne vois pas pourquoi je ne profiterais pas du pactole en faisant mon comeback, formulation assez relative puisque je ne suis pas encore parti mais personne ne s’en rappellera. Après tout, Sylvie Vartan sort un disque : seuls les octogénaires se souviennent d’elle, à condition qu’ils n’aient pas le cerveau figé par le glyphosate et Michel Drucker. A moi la fortune et les filles me coursant en espérant des orthographes (oui, il est temps que je commence à causer comme Johnny). A moi le jackpot ! Dommage que l’impôt sur la fortune ait été supprimé, j’aurais tant aimé le payer ! A l’idée (hahaha, que je suis drôle…) de tout cet argent, je suis déjà tout frétillant et mon corps de rêve se met à danser et je retiens la nuit. Comme dit une amie qui travaille dans les vécés d’une aire d’autoroute, on a tous en nous quelque chose de ces vessies. Ce jeu de mots est pourri… Au secours Johnny, reviens m’aider ! Ah ben non, ça fera un bon titre pour mon album of the 21th century.
© Francis Campagne